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Grandes oreilles

made in France

Station DGSE de Domme, Dordogne, l'une des bases d'interceptions HF du renseignement français (Zdnet UK, Duncan Campbell, juillet 2000)

 

UPDATE
Les commentaires de la Mission d'information de l'Assemblée nationale (Commission de la Défense et des forces armées), extraits du rapport du 11 octobre 2000 (version préliminaire)


Par Danielle Kaminsky et Jerome Thorel
ZDNet France, juin 2000

 

"Nous n'avons rien à envier des américains. Nous avons notre équivalent d'Echelon en France, notamment au sein d'une station d'écoute de la région parisienne, avec moteurs d'analyse sémantique pour trier l'information."

 

Voilà en substance ce qu'affirmait un officier de la DST à quelques journalistes au début de l'année 1998. Soit juste après le premier rapport du Parlement européen dénonçant Echelon. Que la France se soit doté de tels capacités n'est pas une surprise.

"C'est le jeu de la guerre secrète, à nous de faire comme eux et d'être aussi performants. C'est 'je te tiens, tu me tiens par la barbichette !' Il serait malvenu de s'en offusquer !" indiquait un espion français au journal Le Point en 1998 (6 juin et 10 juillet 1998).

C'est d'ailleurs cet hebdomadaire français qui a mis à jour ce réseau de surveillance électronique, surnommé Frenchelon par les anglo-saxons. Plus fort : révélations confirmées à l'époque par le directeur de cabinet du ministre de la Défense

Il a été construit au fil des ans par deux entités du ministère de la Défense: d'une part la DGSE, les services secrets au sens large, et d'autre part la Direction du renseignement militaire (DRM).

Une première liste détaillée des bases françaises de ce réseau d'écoute a été publiée par Le Monde en février dernier. Ces bases sont présentées comme rattachées à la DGSE et à sa " direction technique " (ex-GCR pour Groupement des contrôles radioélectriques). Dixit Le Monde:

"Ces moyens d'interception, satellitaires ou autres, sont déployés à Alluets-Feucherolles (Yvelines), Agde (Hérault), Domme (Dordogne) [photo ci-dessous], Mutzig (Bas-Rhin) et Solenzara (Corse-du-Sud), à Saint-Barthélemy (dans les Antilles), à la Réunion, à Djibouti et à Mayotte (Océan Indien)."

Vue approchée de la station DGSE de Domme, en Dordogne, l'une des bases d'interceptions HF du renseignement français (NOTE).

Source: ZDNet UK / Duncan Campbell, juillet 2000

 

La lettre confidentielle Le Monde du renseignement ("Le secret embarras des français au sujet d'Echelon", 16/03/2000), en a compté une quinzaine, et ajoute à la liste:

Par ailleurs, un accord avec les Emirats Arabes Unis a permis d'installer des stations d'écoute dans cette région du golfe.

Une autre base évoquée par l'auteur de l'enquête du Point, Jean Guisnel (Les pires amis du monde, Stock, 1999, chapitre 10): celle "secrètement installée sur la base spatiale de Kourou [avec l'aide des services allemands], spécialement mises à profit pour surveiller les communications satellitaires américaines et sud-américaines." Mélange des genre : Kourou est aussi cité comme base "associée" au réseau Echelon.

De manière générale, la France profite de ses Dom-Tom et d'anciennes colonies pour élargir ses capacités d'écoute au niveau global : Nouvelle Calédonie pour le Pacifique et l'Asie, Emirats, Djibouti et Réunion pour l'Afrique et le Proche Orient, Antilles et Kourou pour le continent américain.

En plus de ces bases au sol, on peut reconstituer le reste de l'arsenal :

 

Si Frenchelon semble efficace pour écouter les signaux radioélectriques ou satellitaires, la supériorité d'Echelon reposerai sur sa capacité à intercepter le trafic internet et téléphonique. Les quelque 120 satellites d'Echelon révélés par Duncan Campbell peuvent capter les relais hertziens du téléphone public européen. Et les 10 principaux point d'échange de l'internet passent par les Etats-Unis, relais quasi-obligatoires pour les échanges intra-européens.

En revanche, on imagine mal les services français incapables d'intercepter le trafic IP transitant par les points d'échange de l'Hexagone. Le principal, le "GIX", est contrôlé par l'Etat via Renater.

Censés servir à collecter des informations à des fins de Défense, pour prévenir les conflits, lutter contre le terrorisme et la prolifération des armes nucléaires, ces réseaux d'écoute - quels qu'ils soient - sont fortement soupçonnés d'espionnage économique. La notion d'"alliés" s'estompe : l'espionnage entre amis est devenu un sport international qui vise à garder ou conquerir des parts de marché.

Enfin, le citoyen est-il visé? Un seul détail : les écoutes pratiquées par la DGSE ne relèvent pas de la CNCIS, la commission chargé d'examiner les écoutes du gouvernement. Ensuite, la protection des données personnelles est au centre d'un bras de fer entre l'Europe et les Etats-Unis (voir le dossier Safe Harbor), et retourner l'argument des Européens contre eux-mêmes pourrait être une jolie tactique pour Washington.


Original Zdnet France. 06/2000

Archives: Editions du bulletin lambda 6.01 et 6.02 (février 2000)

(NOTE) La loi française interdit la publication, "mise à disposition du public", de documents faisant état d'installations secrètes liées à la sécurité nationale. Le bulletin lambda n'a que des présomptions pour lier cette image avec de telles installations, pour son authenticité il faut s'en assurer auprès de la source originale.


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