TECHNOLOGIE >>> UMTS VS WAP

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NTT DOCOMO/ I-mode

 


Le pari de 2000 milliards
La vie en UMTS
Experience DOCOMO
Flop du WAP
Terminaux Japonais

Osons-le:l'UMTS est « le » pari industriel du nouveau siècle. En quelques années, les opérateurs de télécoms vont devoir mettre au bas mot 2000 milliards de francs sur la table afin de payer les licences, les réseaux et les frais de marketing du téléphone mobile européen de troisième génération. Cette fameuse « 3G » qui promet, dès l'année prochaine, le multimédia et Internet sur ses terminaux, en plus du téléphone.

Il s'agit en réalité d'un triple pari. Un pari financier, qui mobilise aujourd'hui les banques, le marché, les opérateurs et les équipementiers déjà très sollicités par la concentration du secteur et l'Intemet fixe. France Telecom fait d'ailleurs une nouvelle fois appel au marché dans les jours qui viennent, mettant en Bourse sa filiale mobile Orange. Un pari technologique: il faut construire ex nihilo des réseaux performants et inventer les terninaux, alors que l'UMTS est une norme balbutiante. Enfin, et surtout, un pari commercial. Les clients seront-ils au rendez-vous, prêts à payer assez les services mirifiques vantés par les opérateurs ?
Suez-Lyonnaise,un temps candidat à l'UMTS en France, a déjà répondu par la négative à cette question.
Le 24 janvier dernier, il se retirait de la course aux licences. Pour Forrester Research, qui fait autorité en la matière, les premiers profits ne sont pas à espérer avant une dizaine d'années. Dix ans d'efforts et de doutes, qui verront les opérateurs compter leurs morts: au mieux, cinq gros operateurs s'en sortiront, parmi lesquels on compte très probablement France Telecom, assurément l'un des plus solides. Leur espoir, et celui de leurs actionnaires et salariés: transformer en relais de croissance la « bulle UMTS » qui aura emporté les autres.

Des bataillons de consultants ont été mobilisés.Les micro-trottoirs ont succédé aux « focus groups ».Les voyages en Finlande et au Japon se sont enchaînés pour scruter les expérimentations scandinaves et le succès de l'i-mode. Chez les candidats aux licences UMTS, les équipes marketing ont passé l'hiver à travailler « non-stop », comme témoigne, épuisée, une collaboratrice du consortium Suez Lyonnaise-Telefonica. Leur obsession: concevoir un « business plan » capable de rentabiliser les milliards investis. Un exercice d'équilibriste. car l'équation contient de multiples inconnues. D'abord, personne ne sait encore les possibilités exactes de la technologie. Sinon que, grâce à cette nouvelle machine communicante, les utilisateurs serontBACK TO THE TOP connectés en permanence sur Internet. Les opérateurs n'ont aussi qu'une idée très vague de la physionomie des terminaux: quelle taille aura l'écran, y aura-t-il un clavier, un stylet ? Enfin, leur apprentissage de l'Internet mobile se limite aujourd'hui au... démarrage raté du WAP (voir encadré ). Un bilan bien maigre pour anticiper quels services séduiront les clients de l'UMTS et à quel prix. « Du fait de toutes ces incertitudes, les opérateurs baignent dans une irrationalité folle par rapport aux montants investis, assure une consultante.

J'ai vu des business plans faire subitement des virages à 180 degrés parce que la pensée dominante évoluait. »Difficile donc de tenir des convictions termes et d'avoir une visibilité à moyen terme. D'autant que l'exemple de l'imode japonais -la seule expérience d'Intemet mobile réussie dans le monde jusqu'à aujourd'hui - a montré que les facultés de digestion des innovations technologiques par les consommateurs correspondaient rarement aux prévisions! L'opérateur N'IT DoCoMo ciblait un public de professionnels avides d'informations financières. Et ce sont les midinettes amatrices d'e-mails et de gadgets futiles qui ont fait la formidable croissance de l'i-mode (plus de 16 millions d'abonnés au Japon). Dans leur for intérieur, les opérateurs européens espèrent que l'UMTS leur réservera d'aussi bonnes et imprévisibles surprises.

« Démocratiser» au plus vite
Comme pour toutes les nouvelles technologies, les opérateurs UMTS cibleront dans un premier temps les usages et les utilisateurs professionnels. Par exemple les commerciaux, qui pourront télécharger d'où qu'ils soient une fiche client ou un descriptif produit. Ou les routiers qui, de leur camion , choisiront le meilleur trajet en fonction du trafic. De même les cadres auront un accès permanent au système d' information de leur entreprise.

Autre réservoir potentiel de clientèle: les industriels. Ceux ci observent avec intérêt les progrès des communication « machine to machine » (MtoM) particulièrement pertinentes pour des solutions de maintenance à distance. Air liquide teste ainsi un système qui, grâce à un mobile installé sur les cuves de gaz de ses clients, lui transmet en permanence les niveaux de remplissage. « Les clients n'ont plus à se préoccuper de commander du gaz, affirme Laurent Ferenczv, directeur de l'informatique industriel e chez Air liquide. De leurs mobiles, nos livreurs anticipent leurs besoins. » Selon Arthur Andersen, ces applications MtoM représenteront, dès 2005, 10% du revenu des opérateurs. Bouygues Telecom prévoit que les professionnels formeront son coeur de cible jusqu'à fin 2003. « Ce ciblage correspond à une tactique commerciale classique, expliqué Patrick Leleu, patron de Bouygues Telecon. Mais notre objectif est d'être le « démocratiseur » de l'UMTS,BACK TO THE TOP comme nous l'avons été pour le GSM. » Les opérateurs ont en effet obligation de ratisser les clients le plus largement et le plus tôt possible. « Nos investissements sont lourds, il est impossible de les rentabiliser sur un seul marché, affirme Didier Quillot, directeur général de France Telecom

 

 

LA VIE EN UMTS:CONNECTE EN PERMANENCE

Un « compagnon quotidiens, un « vestiaire virtuel », une « réleie de communication personnelle »... A écouter le vocabulaire choisi pour décrire le futur terminal UMTS, celui-ci sera bien plus' qu'un simple téléphone (Photos, de haut en bas: terminaux Nokia, Siemens SX45 et Cassiopeia, Motorola). Comme dit le slogan publicitaire d'Alcatel, « il prendra plus de place dans votre vie que dans votre poche ». « Certains terminaux ressembleront à peu près aux mobiles d'a ourd'hui, d'autres pas tout », explique Paul-Henri Ferrand, directeur de Nokia Network en France. Car l'objectif de L'UMTS est de connecter tout un chacun en permanence à la Toile.

Pour séduire les enfants, certains terminaux seront dominés par la fonction jeux qui nécessite un bel écran etune ergonomie proche de celle de Game Boy. Ils pourront jouer à distance en réseau, recevoir un mini-message matemel, teléphoner à un copain... De leur côté, certains cadres friands demain choisiront des machines à communiquer à la physionomie proche de celle d'un Palm Pilot oud'un Psion. D'autres, un module radio au format carte crédit qu'ils pourront inséra dans leur ordinateur portable. « Chaque terminal répondra à un service, explique Michel Roquejoffre responsable UMTS chez Ericsson. Nous proposerons beaucoup plus de modèles qu'aujourd'hui. » D'ici cinq à dix ans, les consommateurs vivront dans un environnement d'appareils interactifs reliés

par liaison infrarouge (Bluetooth). Kodak, leader en photo numérique, teste ces appareils communicants. En promenade sur la Grande Muraille de Chine, vous pourrez prendre votre autoportrait, transmettre la photo d'un (i clic » sur votre mobile et l'envoyer en quelques secondes à vos enfants restés en France. Sur leur PC. Ou sur leur mobile, bien sûr! 
Avec L'I-mode, le japonais NTT DoCoMo ciblait les professionnels... Ce sont les midinettes qui ont fait son incroyable succès

 

Pour renter dans leurs frais, les opérateurs doivent percevoir 500 francs par mois sur chaque abonné, deux fois plus qu'aujourd'hui., Mobiles. Nous ne négligerons donc aucun segment de clientèle. » L'UMTS a clairement une finalité de masse. Selon le finlandais Nokia et le suédois Ericsson, on comptera plus de 1 milliard d'utilisateurs de l'Internet mobile dans le monde en 2003, contre 600 millions environ d'abonnés au GSM aujourd'hui. La grande différence avec les téléphones GSM actuels est que ces millions d'individus utiliseront chacun leur terminal UMTS pour des fonctions très différentes. Certains s'en serviront surtout pour téléphoner, d'autres enverront des mails ou des documents, les jeunes téléchargeront des clips et de la musique... « Le volume de minutes consommé n'est plus le seul facteur différenciant, juge César Zeitouni,BACK TO THE TOP directeur du cabinet Simon Kucher & Partners. Les opérateurs doivent entrer dans une logique marketing beaucoup plus différenciée. »Les Nokia, Ericsson et autres constructeurs prévoient d'ailleurs d'offrir des terminaux plus variés que pour le GSM .

Voiture avec connexions de série!

A terme, le taux de pénétration de l'UMTS dépassera les 100%, espèrent ils (de nombreux abonnés posséderont plusieurs terminaux). Car le mobile ne sera pas le seul accessoire « branché ». La voiture, par exemple, sera aussi connectée: dès 2002, Peugeot et Citroën proposeront en option (bon marché, assure PSA) un terminal équipé d'un système GPS intégré sur 80 % des modèles. « A l'instar de l'airbag ou de l'ABSce produit se banalisera en quelques annéesprévoit Jean-Marc Monguiret, patron de Egery, un portail destiné aux automobilistes. Il permettra d'optimiser un itinéraire en temps réel, d'identifier le parking ou la station-service la plus proche. Plutôt que d'emporter des paquets de CD, on téléchargera de la musique... »

Côté tarif, c'est l'unanimité: cette fois, le client paiera le prix normal. Finis les « errements » de l'Internet gratuit, terminée la surenchère de prix « discountés » sur les cellulaires! Tous les opérateurs concoctent des recettes pour générer du chiffre d'affaires, mais surtout des profits. Aujourd'hui, chaque abonné GSM leur rapporte environ 260 francs par mois (200 francs seulement sortent de sa bourse, le reste provient des recettes d'interconnexion). Les opérateurs savent que,pour rentrer dansles lourdsfrais de l'UMTS, ils doivent trouver les moyens de faire grimper ce revenu à 450 francs voire 550 - le plus rapidement possible. Et cela sans trop compter sur le chiffre d'affaires lié au transport de la voix. Car la concurrence va accélérer la baisse des prix de ce service. « Dès 2006, la voix pèsera moins de la moitié des recettes des opérateurs », prédit Henri Tcheng, associé chez Arthur Andersen. Le pari est donc de faire payer au moins 150 francs par mois les nouveaux services. Pour cela, les opérateurs devront convaincre les consommateurs de leur utilité. « Le pouvoir d'achat des ménages n'est pas illimité, constate Isabelle Chapis, directrice marketing de Arcome, cabinet spécialisé dans les télécoms. BACK TO THE TOP
Pour dégager un budget UMTS, ils devront être persuadés de l'intérêt de pianoter sur leur mobile poui connaître les séances de cinéma ou l'état du trafic routier plutôt que d'ouvrir Pariscope ou d'écouter Autoroute FM. »
 

L'expérience de NTT DoCoMO montre que les abonnés de l'i-mod, dépensent chaque mois de 20 à 30% du plus que les utilisateurs du téléphona mobile traditionnel. Un signe encourus geant pour les opérateurs européens. De plus, ceux-ci estiment que le budget UMTS ne sera pas créé ex nihilo.il mordra sur d'autres marchés traditionnel Selon Patrick Leleu,patron de Bouygues Telecom, « plutôt que de débourse 5 francs pour une carte postale de vacances et 3 francs pour un timbre, nous enverrons un mail avec une photo de nous sous les cocotiers via notre mobile

Téléchargement de musique, lecture journaux,jeux en ligne.. Les opérateurs veulent grapiller à tous les comptoirs.
Le m-commerce (commerce par mobile) les fait aussi saliver. En 2003,4% des Français feront des achats via leur mobile, en versant à chaque fois - sans forcément savoir - une commission à leur opérateur. Achats de billet de train et d'avion ou de tickets de spectacle feront bientôt partie des usages classiques du mobile UMTS, prédisent les spécialistes. CocaCola parie qu'on n'aura plus besoin de monnaie pour s'offrir une cannette: la firme d'Atlanta équipe ses distributeurs d'un système de paiement compatible avec des terminaux mobiles. En Finlande déjà, les abonnés de l'opérateur Sonera, un des précurseurs de la téléphonie mobile dans le monde, peuvent régler leurs boissons grâce à leur cellulaire. Ils peuvent aussi payer le métro ou leur place de parking à Helsinki sans sortir leur porte-monnaie. Chacune de ces transactions s'ajoute à la facture émise par Sonera qui prélève sa dime au passage.

                        

 

 

 

 

 
 

90 % des services encore inconnus

 

L'échec marketing duWAP a au moins une vertu: les opérateurs n'entendent pas faire deux fois les mêmes bêtises. Primo, la technologie doit être absolument transparente pour le consommateur. Celui-ci adoptera le mobile UMTS pour ses services

judicieux et non pour ses prouesses techniques. « Nous sommes en train de glisser d'un métier de pur opérateur de voix à celui de fournisseur de services mobde-multimédia »,juge Didier Quillot. Deuxième leçon: pour offrir aux clients de bons services, il faut laisser oeuvrer librement les fournisseurs de contenus en tout genre. Avec son portail Vizzavi, SFR est l'un des rares opérateurs à garder une logique « propriétaire ». Les autres ont fait tomber les barricades. « Un abonné Bouygues Telecom qui utilise le portail BouyguesTelecom, c'est formidable pour nous, détaille Patrick Leleu. Mais un abonné à notre réseau qui se sert du portail Yahoo, c'est bien aussi puisqu'il consomme des minutes quand même. »Chaque portail (celui des opérateurs, mais aussi celui des Yahoo, Liberty Surf ou des nouveaux entrants comme Wappup) sera une sorte de « boîte à services »qui évitera à 1'utilisateur de se perdre dans les méandres de la Toile via son mobile.

Quels « services » proposera cette « bisite » ? La réponse à cette question est la clé de la rentabilité des investissements Intemet. Aujourd'hui, personne n'est en mesure de prédire quelles seront les fameuses « küler applications »,les best-sellers de l'UMTS. « On ne connait aujourd'hui que 10% des services qui existeront dans cinq ans, considère Laurent Bouvier Ajam, spécialiste chez Noeme Consultants. Comme sur l'Intenet fixe, on était incapable en 1995 de prédire ce que serait la Toile en 2000. » Informations, météo, cours-de Bourse, horoscope constitueront sans doute le package de base. L'envoi d'e-mails - écrits, sonores, enrichis d'une photo, voire plus tard d'une vidéo... devrait aussi exploser, comme le suggère le succès des messages courts écrits SMS: 2 milliards ont été envoyés dans le monde en janvier 2000,15 milliards en décembre 2000 et 100 milliards sont prévus en décembre 2002.

Chaque opérateur offrira aussi un bouquet de services « personnalisables »et liés à la mobilité. Ils seront payants, car là réside la valeur ajoutée de l'UMTS. Un boursicoteur souhaite être alerté de l'évolution brutale d'une de ses actions ? Cela lui coûtera quelques centimes chaque fois. Un Bordelais en voyage à Marseille désire connaitre la pizzeria de quartier la plus proche? Possible. Le Michelin, le Routard et bien d'autres guides « papier » ou virtuels préparent des services, payants, pour l'aider. En Finlande, Sonera facture 3 francs chaque usage de son moteur de recherche pour la localisation de la pharmacie voisine. Autre gisement à fort potentiel pour l'UMTS: « L'entertainment ». Le téléchargement de musique ou de clips sera un des hobbies des adolescents, tout comme les jeux, espèrent les opérateurs. Ceux-ci prédisent aussi des chiffres fous pour la retransmissionBACK TO THE TOP d'images en direct: le jour où l'on pourra faire connaissance avec son nouveau petitneveu en parlant à sa maman à la maternité ou regarder un match de foot à la plage, L'UMTS sera un pari gagné. Reste que personne ne s'aventure à prédire la date de ce fameux jour. Là est le problème. Tout l'édifice UMTS repose sur cette échéance 

LE FLOP DU WAP

Trop lent pour convaincre

Pauvre wap  ......BOOMIls attendaient l'internet mobile, on leur a ressorti un vieux Minîtel, lent et peu ergonomique: telle est sans doute l'impression de bon nombre d'abonnés au WAP, lancé à grand battage publicitaire au printemps damier, et déjà tombé, ou presque, dans l'oubli. A tort: le WAP lui même n'est pas en cause. Il n'est qu'uil protocole permettant d'adapter au format des portables des pages conçues pour le Web. A lui seul, il ne peut doper les réseaux GSM, conçus pour transporter de la voix et à la vistesse limitée a 13 kilobits par seconde, soit quatre fois moins qu'une ligne téléphonique fixe. Ni rendre lisible sur un écran de trois lignes une carte routière. Sans doute l'acronyme disparaîtra-t-il bientôt. Et pourtant, c'est lui qui, certainement, sera utilisé sur les réseaux GPRS (1) et peut-être même au commencement de l'UMTS. Lorsque celui-ci aura atteint ses performances maximales, peut-être ce vieux protocole» devîendra t-il superflu.

(1) Le GPRS fera du GSM un réseau dédié au transport de données informatiques. Sa capacité pourra atteindre, au maximum, 115 kilobîts par seconde et, surtout, le transport fera par paquets, comme dans le système japonais dee l'i-mode                                      [ retourner a wap]


 Vidéoconférences au pied levé, téléchargement de musiques à l'envi, cartes postales électroniques transmises instantanément, retransmissions télévisuelles parfaites, surf nomade, et bien sûr transfert de fichiers: si le GSM avait démocratisé le bavardage mobile, l'UMTS annonce l'ère du multimédia permanent. Avec une qualité et des performances a priori difficilement concevables: les informations circuleront en effet au rythme « infernal » de 2 mégabits par seconde. Soit 200 fois la performance des portables actuels, 40 fois celle des modems classiques et encore 4 fois celle du « haut débit fixe » proposé aujourd'hui par le câble ou l'ADSL, qui dope les lignes téléphoniques traditionnelles . Mieux: l'Universal Mobile Telecommunications System, disponible en Europe dès 2002, est la dénomination européenne d'une norme à vocation mondiale. Finis, donc, les délicats problèmes qu'affrontent les baroudeurs de fuseaux horaires: « Un jour, nos services de troisième génération (3G) offriront des contenus multimédias sans frontière », promet à longueur d'encarts publicitaires le japonais NTT DoCoMo. Voilà pour la théorie! Celle sur laquelle s'appuient les « business plans » des opérateurs qui promettent de rentabiliser « un jour » les énormes investissements de l'UMTS. Celle qui fait rêver leurs clients.

La déception des uns et des autres risque - du moins pendant quelque temps - d'être à la hauteur de leurs attentes. Inutile d'investir dans un « téléphone 3G » pour regarder en direct de son voilier ou dans la file d'attente de son autobus la finale de la prochaine coupe du monde de football! Aussi performante soit-elle dans les labos, la technologie a aussi ses limites sur le terrain.

Les capacités annoncées restent en effet théoriques. L'UMTS, d'abord, sera un réseau à capacités partagées. Comme le câble. Plus il comptera d'utilisateurs simultanés et moins bonnes seront ses performances! En zone urbaine très dense, seuls neuf abonnés situés dans le périmètre d'un même relais (station de base) pourront accéder simultanément à cette fameuse capacité de 2 mégabits, a calculé l'équipementier canadien Nortel. Et encore: à condition de ne pas bouger, un comble pour un service mobile! A 384 kilobits/s seulement - une performance six fois moindre -, la limite du nombre d'utflisateurs enBACK TO THE TOP mouvement plafonne à une quinzaine. A ce compte, il faudra multiplier sérieusement les stations de base pour garantir à tous les débits maximaux annoncés! Les « technophiles » se contenteront donc, du moins dans les premières années, de 64 ou 144 kilobits/s. C'est-à-dire tout juste de quoi télécharger en léger différé un petit clip vidéo ou participer à une vidéoconférence sur un écran de quelques centimètres carrés!

Des évolutions tous les ans!

Les réseaux, pourtant, devraient pousser comme des champignons. « Il a fallu dix ans pour construire quelque 250 réseaux GSM. Une bonne centaine d'UMTS verront le jour en moins de deux ans », assure Ukko Lappalainen, directeur du marketing des réseaux 3G du finlandais Nokia. Mais ce chiffre résume à lui seul l'ampleur du chantier UMTS.A chaque fois, il s'agira de concevoir et d'installer les infrastructures, et de fabriquer en volume les équipements Le tout en utilisant une norme à peine rodée, dont la première mouture ne date que de la fin 1999. Même le précurseur NTT DoCoMo, qui lancera ses services dès mai prochain, devra, paraît-il, « tricher »: son réseau ne sera pas totalement conforme à la technologie standardisée. Quelle importance puisque celle-ci est appelée à évoluer tous les ans!

Bref personne n'a intérêt à se précipiter. Dans cette course contre la montre, trouver le bon « timing » sera déterminant. Ni trop vite: les terminaux ne seraient pas adaptés et les clients «immatures ». Ni trop lentement: la déception serait au rendez-vous risquant de « tuer »le marché. Et les opérateurs ont besoin d'étaler les énormes investissements requis. « Dans un premier temps, ils privilégieront la couverture géographique au détriment de la densité des réseaux»,parie un constructeur. Et même celle-ci laissera à désirer: il faudra attendre 2003 pour que se libèrent partout en France les fréquences attribuées à l'UMTS. Inutile, donc, de fantasmer sur des services UMTS, mirifiques avant quelques années.

Mais au fond, ce n'est pas un mal!l Rares. en effet, seront les terminaux réellement aux normes au rendez-vous dès l'an prochain. Si Ericsson et Motorola s'engagent à livrer début 2002 des télé-i phones à 384 kilobits/s, d'autres, comme le numéro 1 mondial Nokia, ont déjà revu ces objectifs à la baisse. Le défi, pour les, fabricants de ce qui devra être un bijou technologique, s'apparente à un véritable casse-tête: comment enfermer dans un boîtier d'environ 100 grammes un écran,BACK TO THE TOP suffisamment grand pour surfer sur le Net ou regarder des vidéos, un dispositif permettant d'écrire ou de composer des éros, un processeur traitant les hauts débits, un système d'exploitation supportant des logiciels de traitet du texte, de l'image. et du son, un module de localisation par satellite GPS et une batterie lui assurant plusieurs jours d'autonomie?

L:équation est d'autant plus difficile à résoudre que plusieurs des technologies à mettre en oeuvre sont encore balbutiant tes. A commencer, bien sûr, par l'UMTS, lui-même, qu'il s'agira de combiner avec le GSM actuel. l'abonné risque, sinon, d'être souvent injoignable! Pour les voyageurs au long cours, ces téléphones bi modes GSM/UMTS seront insuffisants:

 Si l'UMTS est compatible avec la norme de DoCoMo et semble s'imposer comme standard dominant, certains réseaux a siatiques et américains pourraient, eux, choisir des technologies concurrentes.Gageure supplémentaire: intégrer aux terminaux la reconnaissance vocale et celle de l'écriture.Les équiper à la fois d'un écran vidéo et d'un clavier alpha-numérique ferait exploser leur taille.Les équipementiers ont également mis au point des systèmes d'exploitation spécifiqnes, le Windows de Microsoft qui équipe aujourd'hui 90% des PC se révélant trop « encombrant ». Mais, là encore. plusieurs plates-formes coexisteront: le Palm OS développé pour les Palm Pilot. Symbian conçu par Psion et plusieurs constructeurs de mobiles, Windows CE la version « light » de W'indows... Du coup, les terminaux devront intégrer un logiciel supplémentaire, le Mexi , garantissant aux fournisseurs de services que leurs informations seront lisibles par tous leurs abonnés, quel que soit le terminal.

Autre innovation: la technologie Bluetooth, qui reliera sans fil le porta:) et ses accessoires, comme les caméras numériques les écrans d'ordinateurs ou les télécommandes d'alarmes domestiquesEnfin, les processeurs supporteront des tâches toujours plus compliquées: le premier terminal UMTS de Motorola devrait traiter 500 millions d'instructions à la seconde, contre 80BACK TO THE TOP millions actuellement! Mais plus le portable sera performant, plus il consommera d'énergie et exigera une batterie puissante! l'inflation en taille et en poids menace. Rien d'étonnant à ce que les prototypes actuels ressemblent plus à des cartons à chaussures qu'à des boîtes d'allumettes!
Ce concentré de technologie sera-t-il prêt à temps ?
On peut en douter. L'expérience du GPRS, cette technique dite «2,5G » qui rendra dès cette année le réseau mobile apte aux transferts de fichiers informatiques, incite au scepticisme:
« Annoncés à 115 kilobits/s, les premiers terminaux affichent en réalité des débits trois fois moindres »,témoigne Vincent Poulbère, de l'Idate. La vidéo « live » et les vidéoconférences synchrones attendront encore un ou deux ans au bas mot.
« Rares seront les applications nécessitant d'aussi hauts débits »,rassure Michel Roquejoffre, vice-président du projet UMTS chez Ericsson France. Alors, pourquoi le suédois se penche-t-il déjà sur la quatrième génération?

 

Performants, mais grands et lourds, les prototypes actuels ressemblent plus à des cartons à chaussures qu' a des boites d'allumettes!

          

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La « 3G» mettra-t-elle fin à la domination de Nokia, Motorola et Ericsson, qui, malgré l'essoufflement des deux derniers, contrôlent encore plus de 50% du marché mondial des téléphones portables? Elle servira de marchepied à deux catégories de nouveaux venus. Les industriels asiatiques d'abord: si les japonais ont largement manqué le train du GSM, ils seront cette fois-ci les premiers à développer la troisième génération de téléphonie mobile. «Ils auront fait des bêtîses avant tout le monde, c'est un précieux avantage», commente Pierre Rouillac, responsable des développements technologiques des terminaux chez Motorola France. Sony, Fujitsu, Mitsubishi, mais surtout Matsushita (Panasonic) allié aux principaux concepteurs de réseaux, entendent en profiter. Les ambitions internationales de NTT DoCoMo devraient les y aider. Autres challengers: les fabricants d'assistante personnels (Palm, Handsp Psion), d'ordînateurs portables (Casio, Compaq) ou de tous les accessoires qui supporteront un jour des applications permises par la 3G, comme les lecteurs de musique MP3 ou le ' germinaux consacrés à l'envoi et à la réception d'e-mails. Mais on voit mal comment ils pourraient se passer des compétences des équipementiers télécoms. Une collaboration partielle, telle celle li?int Psion, Nokia, Motorola et Ericsson, est plus probable que la concurrence réelle.

 

 

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